Notre chant jaillissant l'étrave l'accompagne Pour nous les balancés sur la lisseur du pont Puisse le nonchaloir sur le pont des voiliers |
Et même les routes, rares, menant à rien Alors, redéployant la voile au vent nouveau Nous revînmes pourtant, trempés dans le grand vent ; |
Nous avons navigué sous Espoir, capitaine, Un soir de beuverie, en passant les tropiques Maintenant contenant tout ce qui nous possède La joie nous rejoignit alors dans nos couchettes Espoir gît dans nos eaux, chamarré d'illusions |
Mais les jours ont coulé, pareillement les nuits ; Ce jour, lassés, pensant notre quête insensée, Et lorsque est revenue la saison des grands vents |
Navigateur traîneur de rêve inavoué J'ai rencontré parfois de ces chanteuses tristes Tu traînes avec toi tes sirènes perverses Ceux qui ont cru ouïr paroles à leurs chants |
Rappelle-toi les jours lointains : Nous nous étions ; J'ai trop longtemps erré sur la trop folle mer N'ayant pas su trouver les vents d'automne amis |
Notre huis n'ouvrira pas à la clef plus rouillée. Le temps les eut passées aussi sûr et pour rien Je serais sans regret comme sans espérance ; L'étrange rencontrée au pâle aube d'escale
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Les ruelles ont reçu nos visites et les filles, Notre nef est montée bien tristement au vent Ô Yasmina, malgré tes blêmes moisissures Puis nous regarderons fixement les étoiles |
Ils errèrent huit jours parmi les rues du port Or ce dix-huit juillet de l'an quatre-vingt-treize |
Oubli, fatal oubli, encore verse un verre Les sargasses prendront notre hélice et les voiles Alors nous briserons une à une nos rames Nous attendrons longtemps quelque vent favorable, Le temps, sourd aiguiseur de nos désirs d'escale, Sans mot, en nous cachant, nous reprendrons les rames Oubli, fatal oubli, qui ne va qu'à la rame |
Lorsque nos pieds, tout étonnés, toucheront terre Nous n'aurons plus pour havre que le bateau à l'ancre. Qui nous accueillera, nous avec nos sanglots, |
Au dernier horizon des blêmes découvertes Nous n'avons jamais eu ces vertes illusions Nous ne regrettons pas la tendre aube de l'âge : Que Dieu fasse bon vent sur nos voies infernales ! |